On observe, en général, à l’adolescence une exacerbation des affects. Il est possible d’observer des débordements en ce qui concerne les sentiments d’amour, d’affection ou de pulsion sexuelle, mais aussi des débordements d’agressivité et de haine.
La rapidité des changements d’humeurs et d’émotions peut entraîner chez l’adolescent des contradictions et ambivalences à la fois au plan affectif mais aussi dans ses propos et dans ses comportements. Il suffit de penser aux changements d’humeur brusques qui parfois surviennent en quelques heures chez l’adolescent.
Pour l’entourage, ces débordements sont aussi difficiles à vivre. Les parents ne savent pas toujours comment réagir ni à quoi réagir. Ils se retrouvent assez souvent dans le rôle ingrat d’écouter l’adolescent sans pouvoir l’apaiser, et d’essayer de le contenir et de le protéger quand surviennent les débordements.
Les signes
Les fluctuations d’humeur de l’adolescent peuvent osciller sur un continuum entre l’optimisme et la mélancolie. C’est la période des crises, des pleurs inexplicables, de l’hypersensibilité, des joies immenses et des périodes de morosité inquiétantes. Bref, l’âge des oppositions et des contradictions. Les expressions telles que « je plane », « c’est cool au bout », « j’m’en merde », « la vie, c’est plate à mort », ne sont que quelques-unes des expressions verbales utilisées par les adolescents et qui peuvent donner certains indices de leur état d’âme.
Il est aussi possible d’observer chez certains adolescents une période dite d’égocentrisme où ce dernier ne semble préoccupé que par lui-même et ce qui lui arrive. Il semble être le seul objet digne d’intérêt. Ce qui ne signifie pas qu’il est égocentrique réellement. C’est plutôt une période où l’adolescent est lui-même pris et impressionné par les transformations qui lui arrivent et où il se centre sur elles pour mieux les comprendre et les apprivoiser. Les exemples sont encore une fois nombreux : la ligne téléphonique, les séances dans la salle de bain, l’utilisation de la voiture, etc.
La période de l’adolescence, c’est aussi le moment privilégié où l’adolescent éprouve un sentiment d’invulnérabilité, comme si rien de dommageable ou de malheureux ne pouvait lui arriver. C’est le moment où il croit qu’il peut prendre des risques sans penser aux conséquences possibles ou sans avoir à les subir. Il sent le désir et le besoin de pousser ses limites, de les tester de se mesurer à lui-même.
Comment agir
Les parents doivent alors agir comme protecteurs de l’adolescent en lui imposant des limites extérieures à respecter. L’adolescent n’étant pas encore capable de s’imposer ces limites par lui-même. Le respect de ses dernières peut toutefois être difficile à obtenir chez certains adolescents, occasionnant ainsi quelques maux de tête aux parents.
Le passage à l’acte ou l’agir, est particulièrement présent chez les adolescents. Il consiste en une tendance, chez plusieurs d’entre eux, à agir ou à réagir plutôt qu’à réfléchir à ce qui se passe intérieurement. Ces agir peuvent être de natures variées et de formes diverses, et ils vont revêtir une signification particulière pour chaque adolescent. Il ne fait aucun doute que la présence souvent persistante, en terme de quantité et d’intensité, des agir chez les adolescents sont une source de préoccupations pour les parents.
Dominique Meilleur, Psychologue