Changements physiques


À la puberté, les adolescents grandissent rapidement et sans trop s’en rendre compte.  Ils ont de la difficulté à se reconnaître dans leur corps, à se l’approprier.  Ils sont souvent gauches, maladroits, ne savent pas trop comment se tenir. Ils assistent passivement à ces transformations sans savoir quel sera le résultat final.

Les caractéristiques sexuelles secondaires: pour l’adolescent, l’acceptation et l’intégration des transformations physiques de la puberté représentent une tâche importante. Un sentiment d’étrangeté voir même de bizarrerie face à leur corps, qu’ils sentent disproportionné et inconnu, est souvent rapporté par les adolescents. (Dominique Meilleur, Psychologue)

Changements corporels


L’image corporelle, sa symbolique : L’adolescent a pour tâche d’intégrer une nouvelle image de lui-même comme individu sexué. L’adolescent doit arriver à posséder son corps, ce qui implique assumer ses propres pensées, sentiments, désirs et la responsabilité des conséquences de ses actes.

La poussée pulsionnelle; la majorité des adolescents vont expérimenter, à un moment ou à un autre, une période d’incertitudes et même d’angoisse face aux diverses transformations pubertaires.  De longues séances devant le miroir et une sensibilité extrême aux remarques d’autrui concernant leur corps.

L’activation de la sexualité est anticipée par la majorité des adolescents mais à des degrés divers.  Pour certains, elle sera attendue avec impatience et fierté, alors que pour d’autres, elle fera l’objet de craintes et de questionnements. L’adolescent doit trouver une façon de libérer cette pulsion sexuelle. L’activation sexuelle débute souvent par une période dite d’auto-érotisme marquée par la découverte de son propre corps.

Les premières relations sexuelles sont souvent fortement investies par les adolescents, garçons et filles.  Qui ne se souvient pas de sa première fois ?  Les adolescents se montrent souvent préoccupés par le fait de « le faire » pour enfin savoir de quoi ils parlent.  Certains d’entre eux souhaitent que ce soit une expérience unique, empreinte d’une signification profonde.

Le choix du partenaire; le fait d’être aimé par quelqu’un confirme à l’adolescent qu’il est aimable par quelqu’un d’autre que ses parents. (Dominique Meilleur, Psychologue)

Changements affectifs


On observe, en général, à l’adolescence une exacerbation des affects.  Il est possible d’observer des débordements en ce qui concerne les sentiments d’amour, d’affection ou de pulsion sexuelle, mais aussi des débordements d’agressivité et de haine.

La rapidité des changements d’humeurs et d’émotions peut entraîner chez l’adolescent des contradictions et ambivalences à la fois au plan affectif mais aussi dans ses propos et dans ses comportements. Il suffit de penser aux changements d’humeur brusques qui parfois surviennent en quelques heures chez l’adolescent.

Pour l’entourage, ces débordements sont aussi difficiles à vivre.  Les parents ne savent pas toujours comment réagir ni à quoi réagir.  Ils se retrouvent assez souvent dans le rôle ingrat d’écouter l’adolescent sans pouvoir l’apaiser, et d’essayer de le contenir et de le protéger quand surviennent les débordements.

Les signes

Les fluctuations d’humeur de l’adolescent peuvent osciller sur un continuum entre l’optimisme et la mélancolie.  C’est la période des crises, des pleurs inexplicables, de l’hypersensibilité, des joies immenses et des périodes de morosité inquiétantes.  Bref, l’âge des oppositions et des contradictions.  Les expressions telles que « je plane », « c’est cool au bout », « j’m’en merde », « la vie, c’est plate à mort », ne sont que quelques-unes des expressions verbales utilisées par les adolescents et qui peuvent donner certains indices de leur état d’âme.

Il est aussi possible d’observer chez certains adolescents une période dite d’égocentrisme où ce dernier ne semble préoccupé que par lui-même et ce qui lui arrive.  Il semble être le seul objet digne d’intérêt.  Ce qui ne signifie pas qu’il est égocentrique réellement.  C’est plutôt une période où l’adolescent est lui-même pris et impressionné par les transformations qui lui arrivent et où il se centre sur elles pour mieux les comprendre et les apprivoiser.  Les exemples sont encore une fois nombreux : la ligne téléphonique, les séances dans la salle de bain, l’utilisation de la voiture, etc.

La période de l’adolescence, c’est aussi le moment privilégié où l’adolescent éprouve un sentiment d’invulnérabilité, comme si rien de dommageable ou de malheureux ne pouvait lui arriver. C’est le moment où il croit qu’il peut prendre des risques sans penser aux conséquences possibles ou sans avoir à les subir. Il sent le désir et le besoin de pousser ses limites, de les tester de se mesurer à lui-même.

Comment agir

Les parents doivent alors agir comme protecteurs de l’adolescent en lui imposant des limites extérieures à respecter.  L’adolescent n’étant pas encore capable de s’imposer ces limites par lui-même. Le respect de ses dernières peut toutefois être difficile à obtenir chez certains adolescents, occasionnant ainsi quelques maux de tête aux parents.

Le passage à l’acte ou l’agir, est particulièrement présent chez les adolescents.  Il consiste en une tendance, chez plusieurs d’entre eux, à agir ou à réagir plutôt qu’à réfléchir à ce qui se passe intérieurement.  Ces agir peuvent être de natures variées et de formes diverses, et ils vont revêtir une signification particulière pour chaque adolescent.  Il ne fait aucun doute que la présence souvent persistante, en terme de quantité et d’intensité, des agir chez les adolescents sont une source de préoccupations pour les parents.

L’identité


Le développement d’un sentiment d’identité représente l’enjeu psychologique principal de l’adolescence.  Acquérir une identité signifie pour l’adolescent qu’il apprivoise les changements qui se produisent dans son corps et son esprit et qu’il les articule d’une manière personnelle et individuelle.  C’est à la fois être semblable à ses parents et être différent [d’eux]. C’est aussi se conformer à certaines identifications et en rejeter d’autres. L’acquisition d’un tel sentiment implique d’une part la reconnaissance par les autres de cette individualité qui est la nôtre.

L’identité doit être recherchée, construite et développée par l’adolescent.  Elle ne lui est pas donnée avec la puberté et elle ne sera pas terminée avec la fin de l’adolescence.  Elle implique un travail et des efforts soutenus de la part de l’individu pour être acquise.  Ce travail complexe auquel doit s’astreindre l’adolescent nécessite du temps.  L’identité est quelque chose de dynamique, qui se développe, se transforme tout au long de la vie.  L’adolescent ne peut réussir à se comprendre lui-même que progressivement, au fur et à mesure qu’il se construit. (Dominique Meilleur, Psychologue)

Conflit/autonomie/dépendances


L’adolescence est aussi marquée par les changements au niveau de la relation qui l’unit à ses parents. L’adolescent est pris entre deux besoins forts différents soit celui de se séparer de ses parents et celui d’en être dépendant. La cohabitation de ces deux besoins chez l’adolescent pourra se faire sentir pendant plusieurs années.  C’est ce qui va donner lieu à des mouvements contradictoires chez ce dernier. Le besoin de séparation de l’adolescent à l’égard de ses parents fait partie du processus de l’adolescence. Cette séparation est interne, c’est-à-dire qu’elle consiste en un travail intrapsychique.  Cette séparation ne signifie pas qu’il y a rupture du lien, mais qu’il est plutôt question d’une transformation. L’adolescent doit se distancer des images parentales idéalisées de l’enfance.  Il les humanise et par le fait même les dés-idéalisent.

Le groupe de pairs (ami(e)s): la distanciation des parents va se manifester chez l’adolescent  par  un mouvement d’alternance entre le rejet ou l’adoption d’identifications antérieures, l’essai temporaire de divers rôles sociaux, des modifications dans la façon d’être et de se vêtir, ainsi que dans le langage, les intérêts, les choix et les valeurs morales.

L’autonomie

L’adolescent doit rechercher son autonomie et son indépendance. Il doit assumer ses responsabilités personnelles, jusqu’à présent endossées par les parents.  Dans sa quête pour l’autonomie et l’indépendance, l’adolescent va s’appuyer sur son groupe de pairs, qui assume alors un rôle important. En effet, le groupe de pairs offre à l’adolescent l’opportunité d’expérimenter diverses identifications et différents rôles, sans qu’ils ne soient nécessairement permanents. Il initie l’adolescent à de nouvelles relations interpersonnelles, sans imposer l’intimité et la stabilité des relations dualistes. Le groupe de pairs permet aussi à l’adolescent d’acquérir un sentiment d’appartenance et de ressentir une certaine continuité dans son univers de bouleversements. Il le déculpabilise face à son désir d’émancipation de ses dépendances, interdictions et loyautés infantiles. Le groupe d’amis devient alors rapidement idéalisé au détriment des parents, il va sans dire.

Le besoin de dépendance; à travers ce travail de distanciation de ses parents, l’adolescent ressent aussi un besoin de dépendance à leur égard.  Toutefois, il lui est difficile de l’avouer à ses parents et encore plus à lui-même.  Malgré sa quête pour son autonomie, l’adolescent a encore besoin de pouvoir revenir au bercail si nécessaire.  Sa demande est plus ou moins explicite, mais elle consiste en gros à prendre ses distances quand cela lui convient et à revenir à la sécurité des parents au besoin. L’adolescent demeure encore dépendant de ses parents au plan affectif et financier.(Dominique Meilleur, Psychologue)

Le développement intellectuel


L’avènement de la puberté et l’adolescence apportent des transformations au plan cognitif chez l’adolescent(e). Ses structures cognitives subissent des transformations importantes qui vont modifier sa pensée. Ces changements donnent à l’adolescent(e) de nouvelles possibilités et propriétés au plan intellectuel qui vont lui permettre d’accéder à un niveau de pensée supérieur à celui de l’enfant. Idéalement ces transformations vont lui donner accès à la pensée formelle, c’est-à-dire l’accès aux opérations abstraites.

L’acquisition de la pensée formelle permet à l’adolescent(e) de faire des hypothèses, d’émettre des déductions et de faire des liens entre les différentes variables qui lui sont présentées. Il peut maintenant faire des liens entre le réel (concret) et le possible (l’abstrait). (Claes, 1983; Piaget, 1964). L’adolescent(e) est capable d’envisager toutes les possibilités en ce qui concerne un problème. Ceci signifie qu’il commence à avoir ses propres idées et opinions sur ce qui l’entoure. Dans plusieurs cas, il aime exercer ses nouvelles capacités intellectuelles. L’accès à ces nouvelles capacités cognitives permet aussi à l’adolescent(e) de comprendre de façon différente (plus approfondie) les informations qu’il reçoit et qu’il perçoit.

Les exemples pour imager ces propos peuvent être nombreux. Il suffit de se rappeler le plaisir des adolescents à discuter sur à peu près n’importe quel sujet. Les thèmes les plus banals et parfois les plus exotiques peuvent devenir le sujet d’élaborations théoriques diverses et complexes, avec évidemment, de vives discussions. Pour n’en nommer que quelques uns : l’orientation scolaire, la paix dans le monde, le capitalisme, la religion, le mariage, etc. (Dominique Meilleur, Psychologue)